A elle seule, la République démocratique du Congo (RDC) concentre plus de 90 % de cas de Mpox. Alors que la première campagne de vaccination contre le Mpox en République démocratique du Congo (RDC) est prévue du 2 au 11 octobre), une vidéo devenue virale, sur Tiktok puis X, met en scène une internaute, nommée Georgia Mercy, qui affirme que les vaccins envoyés au pays sont dangereux. Selon elle, le drapeau de l’Union européenne, visible sur certains lots, est une preuve de la mafia contre la population congolaise vivant dans l’Est du pays, complot dans lequel serait impliqué le milliardaire américain Bill Gates.
Les allégations de cette femme, qui tient un compte de plus de 200.000 abonnés, avec près de 2 millions de mentions j’aime, et qui diffuse des contenus sur la situation politique des pays du monde, se fondent notamment sur la mission de la Fondation Bill et Melinda Gates, une organisation philanthropique que Bill Gates a mis en place avec son ex-épouse. Elle est notamment impliquée dans l’amélioration de la Santé au niveau mondial. Avec ses partenaires, cette fondation a été à l’origine de Gavi, l’alliance du vaccin. Contrairement à ce que prétend la femme dans la vidéo, Gavi n’est pas l’alliance de Bill Gates et ne fabrique pas de vaccin. Il s’agit, par contre, d’une alliance mondiale pour le vaccin et l’immunisation qui milite plutôt pour « encourager les fabricants à baisser le prix des vaccins pour les pays les plus pauvres ». Cette organisation se consacre plutôt à améliorer l’accès aux vaccins dans les pays en développement. Elle ne fabrique pas de vaccins elle-même, mais joue un rôle crucial dans le financement et la distribution de vaccins produits par d’autres entreprises pharmaceutiques.
Par ailleurs, le nom de Bill Gates a été cité de nombreuses fois dans des affaires de complot autour de la vaccination, notamment durant la pandémie de Covid-19. Selon plusieurs théories, le milliardaire américain aurait fomenté un complot pour la vaccination. Dans une interview exclusive accordée au média français l’Express, il avait dénoncé des accusations sans soubassement. « Il n’y a pas le moindre fondement dans l’idée que j’aurais un intérêt particulier à suivre la localisation des gens. Pourquoi cela m’intéresserait-il ? Tant du point de vue de la faisabilité que de l’opportunité, cette histoire n’a pas de sens, et je suis triste que de trop nombreuses personnes prennent ce genre de rumeurs au sérieux, avait-il clarifié. On est vraiment au niveau d’un mauvais scénario de film… Ces discours complotistes sont dangereux, car ils empêchent certains de se vacciner, alors qu’ils pourraient se protéger, eux-mêmes et leurs proches. »
Pour le cas de l’épidémie actuelle, les vaccins qui seront utilisés par la RDC à partir du 2 octobre ne proviennent pas de Gavi. Cette organisation se consacre plutôt à améliorer l’accès aux vaccins dans les pays en développement. Elle ne fabrique pas de vaccins elle-même, mais elle joue un rôle crucial dans le financement et la distribution de vaccins produits par d’autres entreprises pharmaceutiques. Pour briser la chaîne de propagation du Mpox en RDC, les États-Unis et l’Union européenne ont offert directement des vaccins au gouvernement congolais. Le Japon s’est aussi prononcé pour offrir au moins 3 millions de doses au Congo Kinshasa, épicentre de cette maladie, déclarée urgence sanitaire de portée internationale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 14 août 2024. Selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, CDC Africa, 62% de contamination concerne les enfants.
Ces vaccins ne sont pas à leur phase expérimentale et ont déjà fait leur preuve contrairement aux rumeurs. Le Nigéria a reçu des vaccins alors que le Rwanda a même déjà lancé la vaccination. De son côté, la RDC a homologué deux vaccins : le LC16m8, élaboré au Japon, et le MVA-BN, du laboratoire danois Bavarian Nordic. Il ne s’agit donc pas des piqûres nocives destinées à tuer les Congolais. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’efficacité d’une dose unique de vaccin MVA-BN administrée avant l’exposition est estimée à 7 %, alors que l’efficacité du schéma à 2 doses est estimée à 82%. « Dans les études cliniques, le vaccin a démontré de manière constante un profil d’innocuité et des résultats satisfaisants qui ont été confirmés lors de l’utilisation effective dans le cadre de l’épidémie mondiale en cours depuis 2022. Compte tenu de l’évolution de l’épidémiologie et de l’émergence de nouvelles souches virales, il reste important de recueillir autant de données que possible sur l’innocuité et l’efficacité du vaccin dans différents contextes », a conclu cette agence onusienne.
Les rumeurs et théories du complot autour des vaccins ne sont pas nouvelles. Elles ont gagné en popularité durant la pandémie de COVID-19 et l’épidémie d’Ebola, et beaucoup d’entre elles se recyclent aujourd’hui avec l’épidémie du Mpox. Ces théories infondées ne se basent sur aucun élément factuel. La publication de l’internaute Georgia Mercy mise en ligne le 21 septembre, s’inscrit dans un contexte plus large de désinformation. En présentant les vaccins comme dangereux ou nuisibles pour l’humain, ces théories du complot profitent de ce climat de méfiance qui s’établit en République démocratique du Congo. Par conséquent, cela peut entraîner une réticence à se faire vacciner. Dans le contexte actuel, cette situation est préoccupante car la vaccination est essentielle pour contrôler la propagation des maladies infectieuses.
Ainsi, il est recommandé aux populations de recourir aux experts et aux médecins pour toute question sanitaire et de ne pas se fier aux influenceurs sur les réseaux sociaux. En RDC, l’épidémie de Mpox est bien réelle avec déjà plus de 700 décès rapportés et peut toucher tout le monde. Il est donc impératif de faire preuve de discernement face aux théories du complot qui circulent sur les réseaux sociaux.
La rumeur de la semaine est une rubrique pour décrypter les fausses informations qui circulent sur nos réseaux sociaux et au sein de nos communautés locales sur le terrain. Un décryptage réalisé par Vunja Uongo, l’équipe de la cellule de vérification du Studio Hirondelle RDC.