🎧 Quand la faim et la pauvretĂ© forcent les enfants Ă  travailler

L’article 50 de la loi du 10 janvier 2009 sur la protection de l’enfant en République démocratique du Congo (RDC) fixe à 16 ans l’âge minimum légal pour le travail des enfants. En dessous de cet âge, l’emploi est interdit, sauf pour des activités légères qui ne compromettent ni leur santé, ni leur sécurité, ni leur développement. Pourtant, à Kinshasa la capitale comme en province, des milliers d’enfants travaillent dans des conditions qui mettent souvent leur vie en danger.

Certains le font malgré eux, pour subvenir aux besoins de leur famille, tandis que d’autres n’ont pas d’autre choix pour financer leurs études. Lorsqu’ils ne travaillent pas dans les mines, on les retrouve dans le petit commerce, à laver la vaisselle dans des restaurants de fortune ou à mendier dans les rues. « Je vendais d’abord des arachides, mais ça ne marchait pas. J’ai abandonné ce commerce. Maintenant, je vends de l’eau en sachet que je prends auprès d’un particulier. On partage les bénéfices. J’arrive au marché le matin, je circule pour vendre, et je ne rentre à la maison que le soir. La maison est loin du marché. Je vis avec mes grands-frères et mes grands-parents. Ce sont eux qui me poussent à vendre de l’eau, raconte Glodie Kula, 11 ans, orpheline de père et de mère, qui vend de l’eau dans le pavillon 4 du marché central de Bandundu-ville, dans la province du Kwilu (Ouest). Quand j’ai fini, on me remet ma part et je donne 3 000 Francs Congolais [environ un dollar américain, ndlr]  à mes frères pour acheter du fufu et des légumes. Et la journée se termine ainsi .» « Je souhaite retourner à l’école, mais les membres de ma famille refusent de me réinscrire, car ils n’en ont pas les moyens », ajoute-t-elle.

Au marché central de Butembo, dans la province du Nord-Kivu (Est), dès qu’un produit est mentionné, une foule de vendeurs accourt. Parmi eux, on compte plus d’enfants que d’adultes. « Je vends de l’ail depuis 2022. C’est ma mère qui m’envoie le faire. L’argent que je gagne sert à couvrir les besoins quotidiens de la maison. Je rentre à 18 heures. La vie est difficile », confie un garçon de 15 ans, qui se rend chaque jour au marché après l’école.

À Goma, de nombreux enfants déplacés s’efforcent de nourrir leurs familles démunies, installées dans des camps de fortune dans la périphérie de la ville, où les conditions de vie sont très précaires. On les voit dans les rues et aux ronds-points, accostant piétons et automobilistes pour mendier. « C’est la faim qui nous pousse à mendier. Parfois, ce sont nos parents qui nous demandent de le faire, mais nous le faisons aussi nous-mêmes parce qu’il n’y a rien à manger. Si nous restons toute la journée au camp, nous mourrons de faim », explique Patrick, un enfant déplacé de 13 ans vivant dans le camp de Bushagara. « Certains ont pitié de nous et nous aident, mais d’autres nous crachent à dessus », ajoute un autre enfant rencontré au rond-point Instigo, au cœur de cette ville volcanique.

Dans certaines villes, cependant, des organisations de défense des droits de l’enfant mettent en place des programmes de réinsertion pour ces jeunes.

Écoutez notre magazine en français, kikongo, lingala, swahili et tshiluba pour plus de détails.