Pendant un mois, plusieurs milliers de candidats vont tenter de convaincre les 44 millions d’électeurs inscrits sur le fichier électoral.
Depuis le lancement de la campagne électorale le 19 novembre, de plus en plus de banderoles et d’affiches aux effigies et numéros de postulants recouvrent de nombreux panneaux et murs à Kinshasa comme dans d’autres villes de la République démocratique du Congo (RDC).
Les candidats à la présidentielle, aux législatives nationales et provinciales intensifient désormais la mobilisation de leurs troupes. Félix Tshisekedi, président sortant et candidat à sa propre succession, a été le premier à se lancer à la conquête des quelques 44 millions d’électeurs inscrits sur le fichier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sur une centaine de millions d’habitants.
« Fatshi » redemande la confiance des Congolais
« Si vous me faites confiance, vous serez contents. Redonnez-moi votre confiance, vous verrez, nous bâtirons ce pays ensemble », a-t-il promis en lingala [une des quatre langues nationales] à ses soutiens qui lui réclamaient la baisse du taux de change au Stade des Martyrs de la mégapole kinoise.
Il n’a pas manqué de vanter ses réalisations parmi lesquelles figure la gratuité de l’enseignement. « Nous n’avons pas voulu qu’un seul enfant Congolais reste à la maison faute de paiement de frais scolaires, a-t-il argumenté. Il faut que chaque parent soit fier d’envoyer son enfant à l’école. » Celui qu’on a surnommé « Fatshi Béton » s’est ensuite dirigé dans la province du Kongo-Central (ouest) le 20 novembre d’où il s’envolera pour Gemena, chef-lieu de la province du Sud-Ubangi (nord-ouest).
A lire aussi : La représentation politique des femmes progresse lentement
« Bâtir un Etat congolais libre, fort, digne et prospère »
Du côté de l’opposition, la rencontre de Pretoria en Afrique du Sud qui a réuni, la semaine du 13 novembre, les représentants de cinq des 26 candidats à la présidentielle (Fayulu, Katumbi, Matata, Sesanga et Mukwege) n’a pas débouché sur une candidature commune.
Martin Fayulu, qui a toujours affirmé que la victoire lui a été volée en 2018, a lancé sa campagne dans la ville de Bandundu, chef-lieu de la province du Kwilu (ouest). L’ancien cadre de la compagnie pétrolière américaine Mobil a été accueilli par une foule en liesse. Le leader du parti politique Ecidé a promis de « bâtir un Etat congolais libre, fort, digne et prospère. Je vais assurer l’intégrité territoriale, la cohésion nationale et je vais promouvoir la gouvernance intègre ». Il a aussi déclaré vouloir apporter des réformes à l’armée pour rétablir la paix sur l’étendue du pays.
A lire aussi : Les partis politiques mobilisent leurs troupes à l’approche des élections
Ralliements en faveur de Katumbi
De son côté, Moïse Katumbi, autre poids-lourd de l’opposition, a bénéficié du ralliement de trois candidats initialement en course pour la magistrature suprême. Si l’ancien ministre Augustin Matata Ponyo a fait l’annonce sur X dans la soirée du 19 novembre, Franck Diongo et Seth Kikuni ont attendu le jour suivant.
« C’est pourquoi, faisant suite à cet appel et à l’exemple montré notamment par le candidat Matata Ponyo Mapon sur la nécessité de transcender nos égos et à demeurer dans la quête de l’intérêt supérieur de la Nation, je vous annonce en accord avec mon parti politique Piste pour l’émergence, notre ralliement à la candidature de Moise Katumbi Chapwe », lit-on dans un document publié sur le compte X de M. Kikuni. L’entrepreneur de 41 ans a aussi critiqué le quinquennat de Félix Tshisekedi, dénonçant entre autres le « bricolage et de l’amateurisme au sommet de l’Etat » et « la fraude électorale massive en gestation ».
Katumbi a choisi de commencer sa tournée à Kisangani, ville principale de la province de Tshopo (nord-est). Avec ses nouveaux alliés, le riche homme d’affaires et ex-gouverneur de l’ancienne province Katanga Moïse s’est ensuite dirigé à Buta, dans le Bas-Uélé, où il a dénoncé des conditions socio-économiques précaires.
A lire aussi : Quatre élections au lieu de trois sont prévus le 20 décembre
A lire aussi : Après trois cycles électoraux, les élections apaisées restent un défi à relever
Pas d’élections à Masisi, Rutshuru et Kwamouth
De son côté, le chirurgien gynécologue Denis Mukwege a partagé son projet de société en « 12 piliers pour soigner et réparer le Congo de fond en comble ». S’adressant à la population, il a affirmé dans ce document : « Je ne suis pas candidat pour commencer une carrière politique. Je suis candidat pour trois fins : la fin de la guerre, la fin de la faim et la fin des vices. Ces trois fins montrent et démontrent qu’il faut plus que gouverner autrement la République Démocratique du Congo ! Il faut la sauver ». Le Prix Nobel de la paix 2018 n’a pas encore lancé sa campagne sur terrain.
L’ancien premier ministre Adolphe Muzito, pour sa part, a dévoilé son équipe de campagne le 19 novembre. L’homme de 66 ans n’a pas non plus commencé sa tournée.
Si la tenue des scrutins se précise, elle reste « douteuse » dans les territoires de Masisi et Rutshuru dans le Nord-Kivu, ainsi qu’à Kwamouth dans le Maï-Ndombe. « Il y aura élections le 20 décembre (…). Pour Masisi, Rutshuru et Kwamouth, si l’agression dont le pays est victime prend fin, on peut enrôler dans 10 jours. Mais pour l’instant, on ne peut pas à cause de l’insécurité », avait déclaré le président de la Commission électorale nationale indépendante Denis Kadima, le 13 novembre à Kinshasa.