La pandémie sévit en République Démocratique du Congo depuis près de deux ans. Le pays a enregistré des milliers de cas. Cependant, un bon nombre d’habitants ne respectent toujours pas les mesures barrières édictées par les autorités. Nous avons fait le constat à Kisangani, à Matadi et Kinshasa, la ville la plus touchée.
Toutes les vingt-six provinces sont à ce jour affectées par la Covid-19. Dans la Tshopo, les autorités sanitaires ont rapporté une augmentation des cas à la fin de l’année 2021. Plus de 300 malades enregistrés rien que pour la dernière semaine de décembre, selon le secrétariat provincial de riposte. Mais les mesures mises en place pour éradiquer la pandémie ne sont pas appliquées à la lettre. C’est le cas, notamment à Kisangani. Du port de masque à la vaccination, en passant par la distance physique, le constat est implacable.
Passivité des autorités ?
La situation inquiète Guy Mundele, analyste politique de la place. Il fustige une passivité des autorités qui, estime-t-il manquent de détermination à faire respecter les mesures prises pour barrer la route à la covid-19. Du côté des autorités urbaines, on ne l’entend pas de cette oreille. Eugénie Wandandi, maire adjoint de Kisangani affirme que ces mesures anti-Covid sont d’application.
Le constat reste le même à Matadi dans la province du Kongo-Central. Ici aussi, des habitants ignorent encore les instructions mises en place par les autorités provinciales. Illustration, la situation dans ce marché des meubles et produits venus de l’Europe, communément appelé marché BILOKOS. Dans ce dépôt, nous pouvons apercevoir les propriétaires de conteneurs se frotter aux revendeurs locaux et aux acheteurs individuels, sans respect des gestes barrières. Ici, la plupart de personnes présentes ne portent pas de masques, reconnait ce vendeur, sans masque lui-même. Ceux qui en disposent n’en portent pas convenablement.
Absence de sanctions
Le gouvernement provincial du Kongo-Central avait instauré, le 24 décembre dernier, certaines mesures pour stopper la propagation de la maladie. Il s’agissait notamment de l’organisation d’un service minimum à toutes les entreprises, mais aussi l’observance des gestes barrières comme le port correct de masque, le lavage régulier des mains et la distanciation physique. Le communiqué du gouverneur est en vigueur certes. Mais il n’existe, à ce jour, aucun texte qui autorise des sanctions contre les récalcitrants, nous apprend bourgmestre de la commune de Nzaza. Nour Lukombo privilégie la sensibilisation, nous confie-t-il.
À Kinshasa les mesures barrières édictées depuis le début de la pandémie par l’inspection provinciale de la police et le gouvernement de province sont toujours en vigueur. Les autorités les rappellent fréquemment par voies des ondes et par des opérations sur terrain. Mais le pari du maintien de cet ordre sanitaire n’est toujours gagné, près de deux ans après le premier cas détecté dans la ville.
Des passants sans masques interpelés
Le Rond-point victoire, l’un des principaux carrefours de la ville, est le rare endroit où les agents de l’ordre se sont remis à exiger aux passants le port de masque. Héritier, cireur de chaussure, sur place, observe de nouveau depuis quelques jours les interpellations des passants. Son masque bleu azur et blanc, qu’il sort de sa poche, est teinté de noir de la poussière. Malgré la vingtaine de personnes qui se mettent sur sa banquette pour faire nettoyer leurs chaussures, lui ne craint pas la contamination.
Les élèves qui fréquentent des écoles des environs ainsi que les taximen, personne n’échappe aux forces de l’ordre. Pour certains, leur contrôle se fait parfois de manière sélective. Un responsable de police dans le district de la Funa à Kinshasa s’est confié à nous, sous couvert d’anonymat. ‘’En réalité, nous n’avons pas de moyens et des effectifs pour assurer cette nouvelle charge qui nous est confiée’’, déclare-t-il.
A Kinshasa comme ailleurs, des habitants accusent les autorités d’être à la base du non-respect des gestes barrières à la Covid-19.