L’accès aux soins de santé est un véritable problème pour un grand nombre de la population en RDC. Alors que le pays a ratifié des conventions internationales visant à garantir les soins pour tous, la concrétisation se fait toujours attendre. «En 2022 nous aurons le premier paquet des soins qui sera offert aux congolais. Nous travaillons pour savoir combien ça va coûter. Cela va peut-être contenir les médicaments essentiels, les accouchements…», assure Docteur Roger Kamba, Coordonnateur du comité technique à la coordination nationale à la Couverture santé universelle.
L’argent « le nerf de la guérison »
Dans beaucoup de structures sanitaires publiques ou privées, l’accès aux soins est conditionné par un paiement au préalable. Un coût élevé pour plusieurs personnes, qui préfèrent recourir à l’automédication ou à la médecine traditionnelles. « J’ai vu une femme sur le point d’accoucher et, qui n’avait pas d’argent. Son cas nécessité une césarienne. Cette femme est décédée, j’étais tout furieux », s’exclame un habitant de Bandundu ville rencontré sur l’avenue Wamba.
Les patients arrivent souvent dans les hôpitaux à un stade trop avancé de la maladie. Dans de nombreux cas, c’est après avoir été pris en charge dans des petits centres de santé de manière rudimentaire, note Clément Tayeye, Directeur de la commission Diocésaine Justice et Paix.
Face à cette situation, certains centres hospitaliers proposent des soins gratuits aux personnes indigentes. C’est le cas du centre de référence CBCO que dirige Dr Guylain Ngavuka. «Nous avons des médicaments contre le paludisme qu’on offre gratuitement après diagnostic. Même pour les interventions chirurgicales nous le faisons bien que notre institution perd de l’argent. Certains patients fuient sans payer, d’autres sont libérés après que l’on ait constaté leur incapacité à régler les factures»
Au secours d’un système de santé malade
Des mutuelles de santé font partie des moyens d’appui à ceux qui cotisent régulièrement, en vue de bénéficier des soins de santé en cas de besoin. Un système volontaire de solidarité géré par des organisations en collaboration avec des hôpitaux. Il en existe une centaine en République démocratique du Congo, avec près de deux millions de membres affiliés.
«Le plus grand bailleur de notre système de santé ce sont : les ménages, en suite les partenaires étrangers et enfin l’Etat. Cela a pour conséquence l’appauvrissement de la population sur qui pèse cette charge», Henry Kavunze coordonnateur de Pomuco, une plateforme promotrice des mutuelles de santé établies dans 16 provinces en RDC.
Mais le nombre des personnes bénéficiant du système des mutuelles reste faible au vue des populations dans le besoin des soins. La pauvreté, l’absence de culture de prévision restent autant de barrières. «On rencontre lors des campagnes de sensibilisations des gens pour qui mettre de l’argent dans une mutuelles pour se faire soigner en cas de besoin, c’est appeler la maladie», regrette Henry Kavunze.
Eddy, fonctionnaire et père de quatre enfants est un gagne-petit que nous avons rencontré à Kinshasa. Il affirme qu’au regard de ses revenus, il aurait eu des difficultés à faire face aux maladies s’il n’était pas affilié à une mutuelle. «Mais hélas il arrive parfois que je sois obligé de payer au-delà de ma cotisation mensuelle puisque la mutuelle n’assure pas certains traitements et médicaments. L’Etat doit venir en appui aux mutuelles et nous alléger la charge».
La couverture santé pour tous
L’État congolais s’est résolu à mettre en œuvre la couverture sanitaire universelle. Une coordination nationale a été créée par ordonnance présidentielle en juin 2021. «Cela va permettra aux congolais d’avoir accès aux soins de qualité, sans qu’ils se ruinent financièrement», affirme Docteur Roger Kamba, responsable du Comité technique à la Coordination nationale de la couverture santé universelle.
Il martèle sur l’importance de ce programme, indispensable pour un développement intégral de la RDC «Les pays qui se sont développés, ont d’abord protégé leurs populations contre les risques de santé», résume-t-il. Ce programme va être financé grâce à la solidarité nationale. Il vise l’ensemble des populations mais «on bénéficie des soins essentiels». Il ne s’agit pas de la «gratuité».
Les organes de mise en œuvre de ce programme travaillent sur les différents piliers de ce projet, dont le Fonds national de solidarité qui sera mis en activité après la signature d’un décret du premier ministre. Un premier paquet de soins sera offert dès 2022 aux populations.