À quelques jours de la rentrée des classes pour la troisième année scolaire sous la gratuité, nous avons dressé un bilan des deux premières années. La mesure de la gratuité a permis à des millions d’enfants d’être inscrits à l’école. Mais dans quelles conditions d’apprentissage ? Quel avenir pour l’enseignement de base en République Démocratique du Congo ? La gratuité, oui, et la qualité ? Nous lançons le débat.
Trois invités ont échangé sur le sujet : Jacques Tshimbalanga, Coordonnateur national de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous (CONEPT). Jérôme Lonkando, Porte-parole de la confédération des associations des parents d’élèves des écoles conventionnées du Congo (CAPEC) et Alain Kipa, Conseiller du Ministre de l’Enseignement Primaire Secondaire et Technique, Attaché à la Coopération internationale. Point Focal au Projet pour l’équité et le renforcement du système éducatif). Unanimes, ils saluent les efforts de l’Etat pour améliorer l’accès à l’éducation, avec au moins 3 millions d’enfants supplémentaires scolarisés.
Inquiétudes sur la qualité
En revanche, l’accès seul ne suffit, martèle Jacques Tshimbalanga. ‘’ n’est pas question que l’enfant aille à l’école mais n’apprenne pas. C’est aussi une violation des droits des enfants’’, affirme-t-il. ‘’On n’est pas satisfait en ce qui concerne la qualité et la gouvernance du système’’, déclare Jérôme Lonkando. Des inquiétudes sur la qualité se justifient notamment par les pléthores dans des salles de classe, la démotivation des enseignants. Prenant la parole, Alain Kipa rassure. L’Etat fournit des efforts pour relever le défi de la qualité. ‘’ Le Ministère travaille pour pouvoir répondre, tant soi peu, à tous ses besoins’’, dit-il. Parmi ces besoins, figurent la construction d’écoles et la prise en charge des enseignants.
Des financements innovants
Même si la part que le gouvernement alloue à l’éducation sur le budget global est supérieure aux 20 pourcents recommandés, la question du financement du secteur se pose. Les dépenses y affectées pour l’exercice 2021 sont autour d’un milliard de dollars américains alors que la gratuité, elle-même, requiert environ deux milliards. Nos invités sont favorables aux financements ‘’innovants’’. Il s’agit par exemple de prélever une part sur des redevances minières pour financer l’éducation, d’après le coordinateur de la CONCEPT. Il exhorte les provinces à mobiliser davantage des fonds pour l’enseignement primaire secondaire et technique. Evoquant le fonds national pour la promotion de l’éducation, le conseiller du ministre propose une restructuration de l’établissement public. Celui-ci devrait jouer un grand rôle dans la gestion de l’argent nécessaire pour améliorer la qualité de l’enseignement.
Nos invités ont suggéré des mesures à prendre immédiatement pour résoudre le problème de l’accès et de la qualité de l’enseignement de base. Pour le représentant des parents des écoles conventionnées, l’Etat doit respecter les principes de partenariat et faire preuve de bonne gouvernance. Le coordinateur de la CONEPT, lui, appelle l’Etat à être en négociations avec les corporations des enseignants sur l’ensemble du territoire et poursuivre la marche pour obtenir plus de ressources en faveur du financement de l’éducation. Quant au conseiller du Ministre, il a appelé tous les partenaires, les parents y compris, à la responsabilité et à jouer chacun sa partition afin de soutenir la gratuité de l’enseignement de base.
À entendre les intervenants, la consolidation et la pérennisation de la gratuité de l’enseignement reste le grand objectif à atteindre.