Deux jours après la mort du Général-Major Peter Cirimwami Nkuba sur le front de Sake, la Monusco a entamé l’évacuation d’une partie de son personnel basé à Goma. Une décision qui suscite des interrogations chez les habitants, alors que les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/M23 contrôlent une grande partie de la ville.
La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a entamé l’évacuation d’une partie de son personnel basé à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, vers Kinshasa et Entebbe, en Ouganda. Cette opération a eu lieu deux jours après la mort du Général-Major Peter Cirimwami Nkuba, gouverneur militaire du Nord-Kivu, tué sur la ligne de front à Sake, à l’ouest de Goma, lors des combats contre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
« C’est pour nous déplacer vers un autre milieu à cause des problèmes [situation sécuritaire, ndlr] dans la ville. Normalement, il s’agit des enfants des agents des Nations-Unies, ainsi que toute leur famille », explique Jonathan, étudiant en technologie à l’Université libre des Pays des Grands Lacs de Goma, qui attend dans la file devant la base de la Monusco à Goma, une valise à la main et un sac au dos.
Une précaution face à une situation sécuritaire critique
« L’ONU relocalise temporairement son personnel non essentiel, tandis que le personnel essentiel reste à Goma pour garantir la poursuite des opérations vitales, notamment l’aide alimentaire, les soins médicaux, l’hébergement et la protection des populations vulnérables », a écrit la Monusco sur son compte X. Un membre du personnel rencontré sur place a souligné qu’il s’agissait pas du départ de cette mission de l’ONU, mais d’une mesure préventive au cas où la situation dégénérerait, la Monusco n’étant pas en mesure d’évacuer tout son personnel en une seule fois.
Cette décision a suscité des interrogations parmi les habitants de cette ville volcanique. « Pourquoi évacuent-ils leur personnel alors que l’ennemi est proche de nous ? Ils devraient d’abord combattre le problème avant de partir et nous laisser dans la paix. J’ai peur, mais c’est notre quotidien. L’ennemi est déjà parmi nous. Je suis Gomatracienne, je ne peux pas fuir », déclare Princesse, une tenancière de cabine téléphonique.
Dans une récente publication sur X, la Monusco a réaffirmé qu’elle « continue d’apporter son soutien aux FARDC [Forces armées de la RDC, ndlr] dans leurs efforts pour stopper l’expansion territoriale du M23 au Nord-Kivu ». Depuis la chute de Sake le 23 janvier, la ville de Goma est plus que jamais sous la menace des rebelles. Située à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu du Nord-Kivu, cette cité constituait l’un des derniers remparts.
Le message des Gomatraciens aux autorités
Certains habitants de Goma rencontrés près de la base de la Monusco appellent les autorités à collaborer avec la communauté internationale pour rétablir la paix dans la région du Kivu, en proie à la guerre depuis près de trois décennies. « Que notre gouvernement nous aide à mettre fin à cette guerre. Rien ne nous manque ici au Congo. Nous avons juste besoin de paix », implore Princesse.
En raison de l’annonce de la fermeture de l’espace aérien de Goma par l’Alliance Fleuve Congo/M23, la Monusco a également évacué d’autres membres de son personnel vers Entebbe par voie terrestre, en passant par le Rwanda.