Sur la liste des candidats aux différents scrutins prévus le 20 décembre figurent des anciens membres des mouvements citoyens. Ils espèrent ainsi poursuivre leur combat au sein des institutions. Mais ils ne font pas l’unanimité.
Lucha, Filimbi, Eccha font partie des mouvements citoyens les plus connus en République démocratique du Congo (RDC). À plusieurs reprises, les membres de ces structures ont lancé des appels à manifestation contre les autorités, notamment contre l’ancien président Joseph Kabila afin de le dissuader de briguer un troisième mandat. Certains ont subi des menaces, d’autres ont fait la prison, d’autres encore ont perdu la vie. Aujourd’hui, ils sont nombreux à s’être déclarés candidats aux différents scrutins.
De la rue aux instances de prise de décision
Ces nouveaux politiciens affirment vouloir apporter le changement en accédant aux instances de pouvoir. « Pour que l’on change les choses, il faudrait qu’on ait une parcelle », soutient Samy Bitangalo. Cet ancien communicateur du mouvement Engagement citoyen pour le changement (ECCHA) affirme avoir tout essayé en tant que militant pro-démocratie, sans obtenir les résultats escomptés.
« Beaucoup de promesses n’étaient pas tenues. J’ai voulu essayer de comprendre ces limites, pourquoi on n’avait pas des résultats. Il faut que (la femme) se retrouve dans les postes de prise de décision », souligne Marie Misukyo Missi, ancienne membre de la société civile basée à Uvira au Sud-Kivu, aujourd’hui candidate député provinciale.
À lire aussi : https://www.studiohirondellerdc.org/ngoma-ya-kongo/magazines/1065-les-elections-apaisees-restent-un-defi-a-relever-en-rdc.html
Engagement ou opportunisme ?
Les avis des potentiels électeurs restent partagés au sujet de leurs compatriotes nouvellement engagés en politique. Si les uns saluent leur engagement, d’autres les considèrent comme des opportunistes. « Ils doivent essayer d’étudier, d’envisager comment ils peuvent faire mieux ce que les autres font mal là », dit un jeune rencontré au Kasaï-central. « C’est le domaine politique qui donne beaucoup plus d’avantages tels que des véhicules, des parcelles. C’est pourquoi ils ont trouvé bon d’aller faire la politique », s’insurge un autre.
Rupture avec le passé
Interrogé sur le sujet, Carbone Beni surnommé l’« Icône », l’une des grandes figures du monde des mouvements citoyens en RDC, recommande à ces candidats de « relever les défis de la gouvernance du pays », s’ils sont élus. Ce co-fondateur du mouvement Filimbi les appelle à « remplacer l’immoralité par la moralité, remplacer la mauvaise gouvernance par la bonne gouvernance ».
Pour l’instant, ces anciens activistes devenus acteurs politiques doivent réussir à convaincre l’électorat.