La crise sanitaire a entrainé aussi une crise économique dans le pays. Bon nombre de commerçants éprouvent d’énormes difficultés en cette période de pandémie. C’est le cas notamment de ceux qui s’approvisionnent dans des pays étrangers, comme la Chine. Le »made in China » inonde les marchés congolais. Mais la fermeture momentanée de frontières de la Chine pour endiguer la propagation de la Covid-19, a bouleversé la donne. Des opérateurs économiques peinent à recevoir leurs marchandises.
Dans sa boutique située sur l’avenue Kimwenza, quartier Yolo, Gédéon Ola harmonise la liste des clients qui ne se sont pas encore acquittés de leurs créances. Depuis l’apparition de la Covid-19 et la fermeture des frontières chinoises, Gédéon Ola et son patron achètent et prêtent aux clients leurs marchandises venues de Turquie. ‘’On a enregistré une baisse de la clientèle. Les clients vont maintenant ailleurs parce que les produits de la Chine deviennent rares. Les produits de Turquie, ne se vendent pas chaque jour. Nous les prêtons souvent et les ventes, c’est des fois une ou deux fois la semaine’’, déplore Gédéon.
S’adapter ou disparaître
La quantité du lot importé en Chine permettait à la maison d’écouler facilement leurs marchandises. Les prix étaient abordables pour leurs clients. Mais cela ne plus le cas, la Turquie reste une roue de secours. Il faut s’adapter ou disparaître.
Non loin de là, dans une autre boutique, Chantal Lokwa a du mal à épuiser sa marchandise qu’elle a ramené de Turquie. Elle, l’habituée de Chine, se réadapte aux achats made in Europe. Elle constate également une baisse de la clientèle. ‘’Les habits venant de Chine aidaient le petit peuple à s’en procurer avec 10 dollars, 8 voire 5 mais la marchandise de Turquie les prix sont à 60 ou 80 voire à 100 dollars. C’est ce qui complique’’ nous relate-t-elle.
Paiement en ligne, une des alternatives
Chantal Lokwa essaie de contourner ces difficultés par une autre stratégie. Pour ses marchandises en provenance de Chine, elle passe désormais ses commandes en ligne. Ça n’est pas non plus toujours facile. Parfois la marchandise qui arrive n’est pas celle commandée, nous explique la commerçante. Loin de Kinshasa, des commerçants de la province de l’Ituri ne sont pas épargnés. Entre mesures barrières et fermetures de frontières, ils essaient au quotidien de supporter l’impact de la crise Covid-19.
La galerie BASA est installée en plein centre-ville de Bunia. Très fréquentée, elle offre aux clients, un choix de produits venus de l’étranger. Nous entrons dans l’une des boutiques, spécialisée en produits de luxe. La dame au comptoir est la propriétaire. La quarantaine révolue, elle accepte de nous recevoir mais nous parle sous couvert d’anonymat. Plusieurs sacs, chaussures, bijoux et vêtements pour femmes, en provenance de Turquie, ornent les étagères. Dans un coin de la boutique, des boubous de luxe venus du Benin n’attendent que des acheteurs. Cela fait un bon bout de temps que cette commerçante n’est pas sortie du pays. Et elle en souffre.
‘’Avec les achats en ligne, une personne vous envoie des photos des marchandises. Mais quand on envoie de l’argent, c’est souvent les marchandises qu’on n’a pas choisi qui nous parviennent. Nous avons besoin de reprendre à voyager nous-mêmes. En plus les achats en ligne sont chers et quand on applique ces prix-là à nos clients, ils vont considérer que c’est tellement cher’’, regrette-t-elle.
D’après une enquête de FEC (fédération des entreprises du Congo) sur l’impact de la Covid-19 sur l’économie nationale, 71% des entreprises interrogées ont signalé une baisse importante de leurs revenus en juillet 2021.