Alors que le conflit dans l’est de la RDC s’intensifie, l’ancien président Joseph Kabila accuse Félix Tshisekedi de mauvaise gouvernance, affirmant qu’elle contribue à la crise. Dans une tribune publiée par le Sunday Times, il critique également l’élection de 2023, qu’il qualifie de « simulacre », et met en garde contre le risque d’une guerre civile si les causes profondes des troubles ne sont pas abordées.
L’ancien président Joseph Kabila a déclaré, dimanche 24 février, que la mauvaise gouvernance de son successeur, Félix Tshisekedi, contribue au conflit qui secoue l’Est du pays. Dans une tribune publiée par le journal sud-africain Sunday Times, il estime que les troubles ne peuvent être imputés uniquement aux avancées des rebelles de l’Alliance Fleuve Congo/M23, soutenus par le Rwanda voisin, ni aux tensions entre Kinshasa et Kigali.
Les combattants de ce mouvement politico-militaire ont rapidement progressé au cours des dernières semaines et contrôlent désormais de larges pans de la partie orientale du pays, riche en ressources naturelles. Une extension du conflit au-delà des frontières congolaises suscite des inquiétudes croissantes.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Tshisekedi en 2019, la situation du pays s’est détériorée au point d’être « proche de l’implosion », a écrit l’ancien chef de l’État. Il qualifie l’élection présidentielle de décembre 2023, qui a offert un second mandat à M. Tshisekedi, de « simulacre », accusant le gouvernement de réprimer l’opposition et le président de concentrer tous les pouvoirs. « L’intimidation, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que l’exil forcé d’hommes politiques, de journalistes et de leaders d’opinion, y compris des chefs religieux, sont devenus les marqueurs de la gouvernance de M. Tshisekedi », affirme Kabila.
Il ajoute que « les innombrables violations de la Constitution et des droits de l’homme, ainsi que les massacres répétés de civils par la police et l’armée de M. Tshisekedi, ne cesseront pas avec l’aboutissement des négociations entre la RDC et le Rwanda ni avec une éventuelle défaite militaire du M23 ». Joseph Kabila a estimé que « les innombrables violations de la Constitution et des droits de l’homme, ainsi que les massacres répétés de la population par la police et les forces militaires de Tshisekedi ne cesseront pas après l’aboutissement des négociations entre la RDC et le Rwanda ou la défaite militaire du M23 ». Selon lui, si l’on se focalise uniquement sur la rébellion du M23 sans traiter les causes politiques profondes du conflit, « les troubles politiques et les affrontements armés, voire une guerre civile, se poursuivront ».
Le M23, qui revendique la défense des droits de la minorité tutsi en RDC, a repris les combats en 2021, deux ans après l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi. L’Afrique du Sud déploie plus de 1 000 soldats en RDC dans le cadre d’une mission de stabilisation. Quatorze d’entre eux ont été tués lors des affrontements le mois dernier.
Studio Hirondelle RDC, avec AFP