Faux, l’armée burundaise n’a pas livré de machettes aux FDLR pour un génocide à Sake

Une publication partagée sur Facebook et X prétend que l’armée burundaise aurait livré deux conteneurs de machettes aux « Forces génocidaires FDLR » en vue d’un « génocide à grande échelle » dans la localité de Sake, située entre les territoires de Masisi et Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cependant, une recherche d’image inversée via Google Lens a montré que l’image accompagnant cette affirmation a été réutilisée dans un contexte trompeur. Loin d’avoir un lien avec la RDC, cette photo provient d’un compte LinkedIn dédié à la vente de conteneurs et a été prise à Dar es Salaam, en Tanzanie, en 2022.

Des recherches menées par Vunja Uongo, notre équipe de vérification, ont démontré qu’en septembre 2022, après une intervention au Sud-Kivu, l’armée burundaise a été déployée, à la demande de Kinshasa, dans la province voisine du Nord-Kivu, dans le cadre de la mission de la force de l’East African Community (EAC). Objectif : stabiliser la région de l’Est, qui souffre depuis environ trois décennies de violences perpétrées par différents groupes armés tels que la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23), soutenue par le Rwanda, et d’autres groupes rebelles locaux et étrangers.

Un accord entre la RDC et le Burundi

Cependant, après une année d’exercice, Kinshasa a demandé la fin de cette mission, accusant certains contingents des pays membres de l’EAC de collaborer avec le M23. Seule l’armée burundaise a été épargnée par les critiques du gouvernement de la RDC, grâce à un accord de coopération militaire signé entre la RDC et le Burundi en mai 2023.

Capture d’écran du résultat obtenu par la recherche inversée d’images via Google Lens.

Par ailleurs, la cité de Sake est sur le qui-vive depuis les récents affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Wazalendo, des jeunes patriotes congolais, et les rebelles du M23. Le 26 septembre, des tirs d’artillerie lourde ont notamment été entendus depuis la colline de Mitumbala, située à environ 8 kilomètres à l’ouest de cette localité.

Mais aucune source locale n’a confirmé la présence de militaires burundais ni l’usage de machettes. Cette fausse information pourrait donc nuire aux relations entre la RDC et le Burundi, et alimenter des tensions entre les populations, en suscitant méfiance et haine.

Toujours vérifier la source d’une image

La publication provient d’un internaute nommé Simaro Ngongo Case, dont le compte sur le réseau social X existe depuis 2013 et compte près de 10 000 abonnés. Ses contenus se concentrent principalement sur la situation politique de la République démocratique du Congo et les tensions avec le Rwanda, souvent teintés de désinformation. Son tweet a généré plus de 5 000 vues, 13 republications, 2 citations et 13 mentions « j’aime ».

Il est donc essentiel de toujours vérifier la source d’une image à l’aide d’outils comme Google Lens, TinEye ou Fake Image Detector avant de la partager. Dans un contexte de crise, une fausse image peut exacerber des tensions ou créer des divisions politiques ou ethniques.

La rumeur de la semaine est une rubrique dédiée au décryptage des fausses informations circulant sur nos réseaux sociaux et au sein de nos communautés locales. Un décryptage réalisé par Vunja Uongo, l’équipe de fact-checking du Studio Hirondelle RDC.