Si la représentation de femmes à l’Assemblée nationale a haussé de 3 % à la suite des législatives de décembre 2023, elle a régressé de 1 % dans les Assemblées provinciales. Une lente progression qui questionne dans un pays dont la population est majoritairement composée de femmes.
Les femmes représentent 51 % de la population congolaise selon l’Annuaire Statistique édition 2020. Pourtant, elles peinent à se faire représenter dans les instances de prise de décision, dans les Assemblées législatives notamment.
Sur les 477 candidats provisoirement proclamés élus par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), on ne compte que 64 femmes. Une légère progression par rapport à 2018, année durant laquelle elles n’étaient que 50 à faire leur entrée à la chambre basse du Parlement. Du côté des Assemblées provinciales, la présence féminine a régressé de 1 %. Parmi les 688 élus, 66, seulement, sont de femmes alors que leur nombre s’élevait à 73 pendant la législature précédente. Une situation qui, selon Grace Lula, coordonnatrice du cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO), est entre autres dû au fait que « les femmes sont reléguées dans les ligues de femmes et jamais dans les organes décisionnels des partis politiques ».
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Des chiffres qui sont la conséquence d’un faible taux d’inscription de femmes sur les listes électorales des partis ou regroupements politiques. Pourtant, la dernière loi électorale a prévu le non-paiement de la caution pour les formations politiques ayant aligné 50 % de femmes candidates. Mais les listes de partis politiques n’ont jamais été équilibrées. « Les femmes qui regardent notre scène politique avec les yeux d’experts savent que cette disposition ne marchera pas », estime Grace Lula.
Aucune femme à l’Assemblée provinciale du Sud-Ubangi
Des mouvements de défense de droits de femmes dénoncent aussi « la masculinité hégémonique » qui, selon eux, empêche à cette catégorie de la population à bénéficier du quota de 30 % de représentativité féminine dans les institutions publiques de l’Etat comme le veut la loi.
Dans la province du Sud-Ubangi, la situation est encore plus alarmante. Pour la deuxième fois consécutive, aucune femme n’a obtenu un siège à l’Assemblée provinciale. Mais deux, dont Caroline Bemba, ont réussi à se faire élire à la députation nationale. L’élue du Mouvement de libération du Congo (MLC) dans la circonscription électorale de Gemena siégera pour la troisième fois à l’hémicycle de l’Assemblée nationale. « Elle n’a jamais baissé le bras malgré un électorat [assuré, ndlr], elle continue de poser des actions visibles ici à Gemena », témoigne à son sujet Gabrielle Bofio, candidate malheureuse aux provinciales.
« On a aligné un maximum de femmes à ces élections. Pourquoi elles n’ont pas été élues ? C’est le choix des électeurs… »
Didier Te Litho Tenge
Comme l’a observé Studio Hirondelle RDC, certains grands partis politiques ne sont pas parvenus à faire élire les femmes. C’est le cas de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe qui a pourtant enregistré 36 élus nationaux sous ses couleurs, le nombre le plus important depuis sa création. « On a aligné un maximum de femmes à ces élections. Pourquoi elles n’ont pas été élues ? C’est le choix des électeurs. Nous faisons un travail de fond au sein du parti pour rectifier ce tir », a assuré Didier Te Litho Tenge, secrétaire interfédéral de ce parti à Kinshasa.
Contrairement aux précédents cycles électoraux, l’actuel a enregistré deux femmes, parmi les 26 postulants à la présidentielle, Marie-Josée Ifoku et Joëlle Bile en l’occurrence. Le gouvernement sortant, quant à lui, comptait 16 femmes sur ses 57 membres, un nombre qui a frôlé le quota de 30 % de représentation féminine. La formation du nouveau gouvernement du président Félix Tshisekedi est attendue. Les structures féminines espèrent un changement positif quant à la représentation de femmes.