En dépit de ses potentialités en ressources en eau, la RDC accuse des problèmes d’approvisionnement de sa population. Selon les chiffres du ministère de ressources hydrauliques, seuls 30% de la population ont accès à l’eau potable. Pour pallier cette pénurie, plusieurs ouvrages sont mis en œuvre dont les forages ou les bornes fontaine.
La RDC reste un pays de paradoxe. Avec plus de 50% d’eau douce d’Afrique, le pays peine à relever un défi majeur dans le secteur de l’eau, celui d’augmenter le faible taux d’accès de l’eau potable de sa population. Dans les grandes villes ou dans les milieux ruraux, la Régie de distribution d’eau (Régideso) n’assure toujours pas une couverture maximale. Cette dernière est estimée à 30 % de la population par le gouvernement congolais. Joseph Tshimanga, chargé de l’organisation communautaire à ADIR (Action pour le développement des infrastructures en milieu rural) estime que ces chiffres sont surestimés. « Les 30% du gouvernement tiennent en compte des ouvrages qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas. C’est moins de 30% si on tient compte de l’opérationnalité des ouvrages implantés » explique-t-il.
Pénurie dans les bidonvilles kinois
Dans la distribution des eaux dans la capitale congolaise, le satisfecit n’est pas général. Mais les quartiers sont les durement touchés. A l’instar de Camp Luka, une cité populaire dans la commune de Kintambo. Outre les problèmes de promiscuité et de précarité, Camp Luka accuse des problèmes d’accès à l’eau potable. René, un des habitants du coin déplore l’irrégularité de la fourniture d’eau par la Regideso dans ce quartier. « Cela fait plus d’un mois que nous n’avons pas d’eau au robinet » nous dit-il.
C’est le sauve qui peut dans pareilles circonstances. Comme René, la plupart des résidents économisent pour payer la bouteille d’eau minérale qui coute 500 francs congolais. Mais pour certains, il faut se rabattre à l’eau de forages un peu disséminés dans le quartier. Judith, femme au foyer consomme cette eau ainsi que son bébé en « raison de manque de moyens » nous confie-t-elle.
ADIR a dans sa mission mis sur pied des associations des usagers de réseaux potables (ASUREP). Ces structures communautaires travaillent dans la pérennisation des ouvrages d’eau potable dans les milieux périphériques. Mais à Camp Luka, ces structures n’existent pas. D’après Joseph Tshimanga, « c’est pour éviter le chevauchement d’intervention dans les milieux où la Regideso intervient déjà ».
Risque de maladies d’origine hydrique
Si Kinshasa éprouve des difficultés d’accès à l’eau potable, la situation dans les provinces demeure préoccupante. Dans le territoire de Ngandajika, province de Lomami, les puits d’eau sont à la base de plusieurs maladies. La province a fait face à une épidémie de choléra. Celle-ci a fait une centaine de morts en 2017. Les familles ne trouvent leur salut qu’avec l’eau des puits. Conséquence, plusieurs personnes se plaignent de maux de ventre. C’est le cas dans la famille de Madame Kaja. «Mes enfants se plaignent souvent des bourdonnements ventraux après la consommation de cette eau ».
Dans ce quartier Kasabula à Ngandajika, les services de la Regideso ne sont pas encore déployés. Pour prévenir différentes maladies provenant de la consommation de l’eau, le chef de quartier, Léonard Lukalu sensibilise sa population trois fois par semaine pour se protéger. Selon lui « le plaidoyer pour l’installation des robinets a déjà était soumis à plusieurs reprises au niveau du territoire ». Les solutions idoines sont attendues pour permettre aux habitants de son quartier de bénéficier d’une eau digne de consommation.
Des initiatives des associations à Kikwit
Dans la ville de Kikwit, les services de la Regideso aussi ne sont pas étendus dans toute l’agglomération. Dans le quartier Sankuru, la population a accès à un forage installé par l’église catholique. Dans le diocèse de Kikwit, il existe un programme hydraulique eau pour tous (PHEPT) qui a installé un ouvrage après la demande de la communauté. Sa coordonnatrice, sœur Nathalie Lubana rassure qu’après chaque demande « une équipe est mise sur pied pour étudier la faisabilité de cette demande et les motivations » Dans le quartier Sankuru désormais, malgré l’absence de la Regideso, la population apprécie les fruits de l’ouvrage implanté par Phept.