De nombreuses femmes à travers la RDC sont victimes des violences basées sur le genre. Une situation qui suscite l’indignation dans la société. Après les seize jours d’activisme, des jeunes à travers le pays s’engagent à mener une lutte permanente contre ces violences. C’est le cas, notamment dans les provinces du Sud-Ubangi, du Tanganyika et de Kinshasa.
Subir des violences sous son propre toit, c’est possible. Le sujet reste tabou pour beaucoup en République Démocratique du Congo, y compris pour des victimes elles-mêmes. Une victime a accepté de nous raconter son calvaire. Nous l’avons rencontré à Gbadolite, province du Nord-Ubangi dans nord-ouest de la République Démocratique du Congo. ‘’Il utilise même un couteau pour déchirer mes amis et me contraindre à faire l’amour. Il l’a déjà fait à quatre reprises. J’ai même une cicatrice à la cuisse…Je suis parfois traumatisée lorsqu’arrive son heure de retour à la maison, après le travail’’, témoigne la jeune dame. Elle affirme avoir du mal à dénoncer. Elle n’a parlé de ces faits qu’à des membres de sa famille. Mais ces derniers ne l’ont pas aidé. Ils se sont abstenu de s’’’ingérer’’ dans une affaire de couple.
Privilégier le dialogue dans les foyers
Dans la société, ces violences font réagir. Pour Yves Nzeke, assistant à l’Université de Gbadolite, le manque d’instruction reste l’une des causes des violences conjugales. Il appelle à privilégier le dialogue pour préserver l’harmonie dans les foyers. ‘’Il y a un enfant qui racontait que son père était le plus fort de tous les hommes du monde. Quand on lui a demandé pourquoi, il a répondu: « Il frappe maman à tout moment »’’. Voilà l’anecdote que nous raconte Yves.
Des faiblesses de la justice
Lionel Banzambi vient de finir une mission de terrain de près de trois ans dans la région du Kasaï, précisément au Kasaï Central. Mission consacrée à la lutte contre les violences basées sur le genre, dans le cadre du projet JAD, entendez ‘’Justice Autonomisation et Dignité des Femmes et Filles en RDC’’. Le jeune trentenaire se félicite des progrès enregistrés dans la région. Il salue l’engagement des membres de la communauté pour réduire les violences basées sur le genre. Parmi les personnes engagées figurent des jeunes hommes et femmes. Bémol tout de même, il déplore une faiblesse au niveau de la justice. Il évoque notamment l’absence de prison dans le territoire de Dibaya mais aussi un problème lié aux fonctionnements de différentes juridiques.
Dans le Sud-Est du pays, précisément à Moba, dans la province de Tanganyika, une adolescente de 17 ans, a été victime de viol au mois de mars. Depuis, elle affirme vivre un traumatisme quotidien.
‘’ La nuit je suis sortie pour me soulager, c’est là que cet homme a abusé de moi. J’en ai parlé à ma sœur. Elle m’a emmené à l’hôpital. Mes amis se sont moqués de moi quand elles ont appris que j’ai été victime de viol’’.
Briser les stéréotypes de genre chez les jeunes filles
A Kinshasa, des jeunes mènent également un combat contre les violences à l’égard des femmes. C’est le cas d’Audrey Kabanga, chargée de plaidoyer et mobilisation des ressources à Afriyan, le réseau africain des adolescents et jeunes en population et développement. Dans le cadre des 16 jours d’activisme, elle a sensibilisé des jeunes filles dans des écoles de Kinshasa, à travers la plateforme ‘’académie leadership féminin’’ couplée à la vulgarisation de ‘’voilà pourquoi’’ slogan ou message clé lancé sur les médias sociaux qui appelait à l’engagement de tous dans la lutte contre les VBG. ‘’On préfère que l’enfant soit informé. Et cette information le poussera à dénoncer’’, souligne-t-elle. Audrey veut garder ces jeunes filles loin des stéréotypes liés au genre.
Au-delà des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes du 25 novembre au 10 décembre de chaque année, des jeunes préconisent une lutte permanente pour éradiquer ces violences.