Le Nord-Kivu et l’Ituri n’ont toujours pas tourné la page de la violence, en dépit de la mesure exceptionnelle en vigueur depuis le 6 mai. D’une part l’armée nationale poursuit des offensives. D’autre part des groupes armés perpètrent des attaques, faisant des victimes, notamment des civils. Aujourd’hui, six mois après, le bilan de l’état de siège ne fait pas l’unanimité.
En décrétant l’état de siège dans les deux provinces, le Président Félix Tshisekedi voulait en finir avec l’insécurité qui sévit dans la région depuis plus de deux décennies. Six mois après, le bilan reste mitigé pour beaucoup.
‘’L’état de siège n’a pas permis de ralentir le rythme de massacres des civils dans cette partie du pays. Il n’y a pas eu d’efforts conséquents pour accompagner l’état de siège’’, estime Pierre Boisselet, coordonnateur du Baromètre Sécuritaire du Kivu, un projet du Groupe d’Etude sur le Congo (GEC). En six mois, le baromètre a relevé plus de 1000 civils tués. Un bilan qui suscite des inquiétudes, notamment auprès de la Société civile.
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Au sein de la population, les avis restent partagés au sujet de l’efficacité de l’état de siège. Certains restent très critiques, d’autres plutôt favorables. ‘’Le résultat qu’attendait la population est loin d’être obtenu. Avant état de siège égal à après état de siège’’, nous dit un habitant du Nord-Kivu, indigné de la situation sécuritaire. Pour une autre, ‘’Depuis l’instauration de l’état de siège, il y a une accalmie sur l’ensemble de la province. Surtout sur les criminalités et le phénomène de Kidnapping’’, déclare-t-elle.
Société civile, entre déception et espoir
Les organisations de la société civile attendaient beaucoup de l’Etat de siège. Mais les résultats actuels ne sont satisfaisants. Plus de 300 personnes ont péri en cette période, notamment à Oicha, Beni, regrette Marion Ngavo, le président de la société civile de Goma au Nord-Kivu, qui évoque par ailleurs une accalmie entre août et septembre sur la ville et ses environs.
La vice-présidente de la coordination provinciale de la société civile de l’Ituri déplore des effectifs militaires faibles et le manque d’équipement. Abedi Kahindo rapporte des morts, des kidnappings mais aussi des incendies de maisons. Elle se montre également déçue mais reste optimiste en même temps. ‘’Si le gouvernement central ou national prend en considération tout ce qui se passe à l’Est, espérons qu’on aura des solutions’’, affirme-t-elle. Les deux coordinations de la société civile proposent aux autorités un changement de stratégies. Ce qui permettra, selon elles un changement de situation.
L’armée se veut rassurante
L’armée, elle, ne cesse de rassurer. Elle avance un bilan positif, tout en reconnaissant qu’il y a encore du travail à faire. Le lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko, porte-parole des FARDC au Nord Kivu, se félicite des réalisations des troupes nationales, notamment la reddition de ‘’800 éléments de groupes armés’’. En Ituri, le porte-parole des opérations militaires, le lieutenant Jules Ngongo, vente également les efforts de l’armée, évoquant notamment la libération des ‘’grandes agglomérations’’.
Pour mettre définitivement fin à l’activisme des groupes armés, les autorités appellent la population à collaborer avec les forces de sécurité. Le Nord-Kivu et l’Ituri reste encore sous état de siège. La mesure ne sera levée que lorsque les circonstances l’ayant motivée auront disparu, avait souligné le Président Tshisekedi, du haut de la tribune de la récente l’Assemblée générale de l’ONU.