Différentes villes du pays font face à l’insalubrité des artères. Les autorités mettent sur pied des programmes d’assainissement mais elles ont du mal à les pérenniser. Des techniciens de surfrace mobilisés pour rendre propres la voirie fustigent des traitements inappropriés.
‘’La pérennisation dépend de la disponibilité des fonds. S’ils sont disponibles elle sera garantie, si non dès qu’il y a arrêt vous sentez le coup, les avenues redeviennent sales’’, Flory Mandi Mambu, directeur chargé d’études et planification à la Régie d’assainissement de Kinshasa.
Le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila a lancé, en octobre 2019, le programme Kinshasa Bopeto (Kinshasa propre, ndlr). Ce programme de cinq ans vise l’assainissement de la ville. Il comprend notamment l’évacuation de déchets, l’installation de poubelles sur les trottoirs, mais aussi le balayage de grandes artères. Pour y parvenir, l’hôtel de ville, en partenariat avec plusieurs ONG, engagent des techniciens de surface.
«Lorsque j’ai commencé en 2012, je me couvrais le visage pour ne pas être reconnu par les passants. Ce qui n’est plus le cas maintenant. C’est un métier comme tous les autres, je le fais passionnément. Avec ce que je gagne, peut soit-il, je fais de mon mieux pour couvrir mes besoins», nous confie Jean Baptiste Mboloko alias Papa John. Le sexagénaire se pointe chaque matin à six heures du matin à son poste, sur l’avenue des Forces armées (ex. Hauts-commandements). Entouré d’autres techniciens de surface, chasubles enfilés, balai à la main, seau et ramassette de côté, il assure son service du lundi au dimanche.
Les autorités comptent sur des structures privées pour balayer des routes. ‘’L’Etat ne peut pas tout faire seul. Voilà pourquoi nous recourons à ces entités privées. La RASKIN contrôle ces travaux’’, note Flory Mandi Mambu, directeur chargé d’études et planification à la Régie d’assainissement de Kinshasa (RASKIN).
Des bénévoles aussi s’engagent
A Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, l’entretien de l’environnement est une préoccupation aussi bien pour les autorités que pour la population qui souhaite donner à cette ville touristique, une image de ville modèle.
Sur boulevard Julien Paluku, plusieurs volontaires travaillent pour maintenir l’environnement propre. C’est le cas d’Ange Kengete, âgée 27 ans, diplômée d’université en environnement et développement durable. Trois fois par semaine, depuis une année, la jeune dame passe un coup de balai sur cette artère pour ‘’épargner les gens des risques de contamination à des maladies’’. Un travail d’intérêt général qui la rend heureuse, dit-elle.
Le coordonnateur de la cellule d’assainissement de la mairie de Goma se félicite du travail que réalisent ces ‘’acteurs’’ de salubrité. ‘’Il n’est pas facile d’assainir la ville», reconnait Grégoire Mutashi.
Du chemin pour assainir Mbuji-Mayi
A l’opposé de la ville volcanique, Mbuji-Mayi, principale ville du Kasaï-Oriental peine encore à évacuer les déchets qui créent l’insalubrité. En 2018, des travailleurs, femmes veuves pour la plupart, se sont engagés à assurer la propreté des routes. Jusqu’à ce jour aucune prime ne leur a été versée, à en croire l’une d’entre elles.
‘’Rien ne nous a été donné jusque-là. Nous touchons des excréments, crachats sans équipements appropriés. Nous sommes 60 femmes et nous voulons être reconnues comme agents public’’, plaide Catherine Ndaya.
Des arrêts de travaux d’assainissement sont récurrents dans la ville. Pointé du doigt comme responsable du mauvais traitement de ces ouvrières, le maire-adjoint, Gabriel Kasonga indique que seules les personnes engagées par l’Etat sont prises en charge. « Les autres travaillent pour leur propre compte, je ne les gère pas», déclare le numéro 2 de la ville.
Les provinces font face au problème d’insalubrité des routes mais ne disposent pas toutes des mêmes moyens pour y répondre. Le gouvernement central alloue deux millions de dollars américains, chaque année, à la province de Kinshasa. Certains où ouvriers qui travaillent à l’assainissement des routes touchent plus ou moins cinq dollars par jour.