Selon une étude de l’Union congolaise de femmes des médias (UCOFEM) rendue public en 2019, les femmes constituent 32% des effectifs du secteur. Et pourtant, les universités ou institutions supérieures organisant des études de journalisme, voient leurs amphithéâtres pris d’assaut en grande partie par les filles. Mais sur le terrain, cette tendance peine à se faire sentir, particulièrement dans les rédactions. La féminisation des médias recherchée par les structures de défense des droits des femmes accuse du retard.
«On constate une certaine diminution entre l’université et le métier. Il y a des évènements et des exigences d’ordre professionnel qui font que les dames ne supportent pas de faire ce métier», note Adélard Obul Okwess Mampuya, enseignant en journalisme à l’Institut facultaire des sciences, information et de la communication (IFASIC) et expert en genre et formation.
Des chiffres en baisse sur l’ensemble du pays
D’après le monitoring des médias réalisé par l’UCOFEM, le rythme des progrès du genre dans les médias congolais vers l’égalité constaté depuis 2006 s’est pratiquement ralenti en 2019. Les femmes y sont mal représentées. «Sur 2982 personnes travaillant dans les médias, 962 seulement sont des femmes», regrette Rose Masala, coordonnatrice de l’Ucofem.
Cette situation se fait sentir encore dans les provinces. Dans la ville de Bandundu, sur les 8 stations de radio et de télévision émettant régulièrement, seulement 6 femmes travaillent dans les rédactions.
Manque de salaire et marginalisation
«Là où les hommes peuvent travailler pendant deux ans sans être payés, les femmes ne pourront pas patienter», explique Adélard Obul Okwess. Le métier de journaliste souvent mal rémunéré dans le pays pousse plusieurs filles à embrasser d’autres débouchés après leurs études. Pour celles qui travaillent, il suffit de serrer les dents pour résister aux périodes de vache maigres dans les médias. «Nous, dans les radios communautaires, nous n’avons pas de salaire ni de prime. C’est difficile pour les femmes de travailler du matin au soir dans ces conditions», note pour sa part Modeste Wawa, chargé de programme à la Radio Communautaire Bandundu FM.
Outre cette difficulté, les femmes font face aussi à une certaine forme de marginalisation. Le sexisme de la part de leurs collègues hommes est à la base de réticence de certaines femmes pour les médias. «Est-ce qu’en tant que femme êtes-vous capable d’écrire un papier ou de faire seule un journal ? Quand j’entends des choses comme ça je m’efface», se plaint témoigne Rose Mikwari, journaliste dans la ville de Bandundu.