Les congolais honorent la mémoire du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya décédé le 11 juillet en France, à l’âge de 81 ans. Dans les milieux religieux comme politiques, on salue l’héritage du prélat et de l’intellectuel. On se souvient notamment de la conférence nationale souveraine qu’il a présidée en 1991. Du Maréchal Mobutu à Joseph Kabila, Le cardinal émérite n’hésitait pas à interpeller le pouvoir politique sur la gestion du pays.
»Il est temps que les médiocres dégagent’’ reste l’une des phrases les plus célèbres prononcées par l’ancien archevêque de Kinshasa. Le cardinal appelait au changement au pays en 2018. Des réactions sont venues de partout après l’annonce du décès du cardinal émérite de la République Démocratique du Congo. Le Président Tshisekedi a salué, »un prince de l’église qui œuvra longtemps au service du peuple’’. L’opposant Martin Fayulu le présente comme »le ciment de la cohésion nationale ». Pour le pape Benoit XVI, il était ‘’un fidèle et un proche qui n’a cessé d’apporter sa contribution à la vie de l’église universelle’’.
Laurent Monsengwo est resté archevêque de Kisangani pendant près de trente ans. Soit de 1988 à 2007. Il assiste à la guerre du Congo qui a conduit à la chute du Président Mobutu en 1997. Il a également connu la guerre de six jours en 2000, lorsque, armées rwandaises et ougandaises se sont affrontées sur le territoire Congolais. Après son décès des souvenirs remontent dans les esprits des boyomais.
Sur le boulevard du 30 Juin, commune de Makiso, la tristesse et la consternation sont visibles sur les visages des passants. Ici, il était un père, un mentor. ‘’Il était un arbitre pour la classe politique de ce pays…il était là en train de chercher des voies et solutions pour ses brebis’’, déclare Pierre Komba, 60 ans.
Engagé pour les droits humains
C’est au cours de son mandat à la tête de l’archidiocèse de Kisangani que Monsengwo a initié, en 1990, un mémorandum dans lequel il réclamait plus de libertés à Mobutu, Président de la République à l’époque. Sa disparition bouleverse Dismas Kitenge, l’ancien vice-président de la Fédération internationale des droits humains. »Dès les premiers pas que j’ai marqué dans les droits humains, c’est avec son soutien », nous confie-t-il, avant d’ajouter qu’il encourageait les mouvements des jeunes pour les droits des opprimés.
A Kinshasa, où il a été également archevêque de 2007 à 2018, on se sent aussi orphelin de Laurent Monsengwo. L’émotion est vive dans les rues de la capitale, quelques jours après la disparition de Laurent Monsengwo. ‘’C’est un papa qui a beaucoup contribué à l’évolution et à la paix de cette nation’’, raconte ce jeune rencontré au centre-ville.
Initiateur d’une bourse d’étude pour des jeunes congolais
Laurent Monsengwo était aussi philanthrope. Une dimension peu connue du grand public d’autant qu’il préférait rester discret à ce sujet. Une cinquantaine d’étudiants congolais bénéficient chaque année d’une bourse initiée par Monsengwo. Parmi eux, Jonathan une vingtaine révolue qui a pu obtenir sa licence grâce à cette bourse.
Laurent Monsengwo Pansinya sera inhumé le 21 juillet à la cathédrale Notre dame du Congo, aux côtés de ses prédécesseurs Joseph Malula et Fréderic Etsou.