Plusieurs posts sur les réseaux sociaux affirment que Patrick Muyaya, ministre de la Communication et des Médias, et porte-parole du gouvernement, a annoncé la fermeture imminente de Facebook et TikTok en République démocratique du Congo lors du briefing du 23 juillet 2024 sur les réformes de la Justice, avec le ministre Constant Mutamba. Ses propos ont été décontextualisés.
Le ministre Patrick Muyaya n’a pas annoncé une mesure de suppression de ces deux réseaux sociaux. Pourtant, des publications affirmant le contraire ont semé l’inquiétude chez plusieurs internautes congolais, redoutant une violation de leur droit numérique, surtout qu’outre le divertissement, Facebook et TikTok servent également pour le business.
Au cours du briefing du 23 juillet consacré aux réformes de la Justice, M. Muyaya a été interrogé, en lingala [une des quatre langues nationales, ndlr], sur l’éducation des enfants face aux abus des réseaux sociaux. Dans sa réponse, le porte-parole du gouvernement avait annoncé l’intégration, avec le concours du ministère du Numérique, de Facebook et Tiktok dans la politique gouvernementale de lutte contre les fausses informations et de dépravation de mœurs.
« Nous devons prendre contact avec les responsables de ces réseaux sociaux car nous avons le pouvoir, en cas d’abus, d’ordonner leur interdiction afin de protéger nos enfants. C’est une urgence absolue de travailler avec tous ces réseaux comme les autres pays, comme les Etats-Unis ou l’Union européenne. Aussi, lorsque nous allons nous lever pour interdire la diffusion d’une chaîne, ne protestez pas sous couvert de violation de liberté d’expression », a déclaré Patrick Muyaya.
Des politiques similaires dans la réglementation de Facebook et Tiktok
Aussi, la position du gouvernement est également celle de Facebook qui s’emploie à lutter contre la propagation de fausses informations et des discours de haine et autres violations de mœurs sur sa plateforme. Meta, maison-mère de Facebook, a mis en place des outils de modération des contenus. En plus de fausses informations et discours de haine, la diffusion des contenus reprenant des images et textes dénudés ou violents est également censurée. En RDC, ce réseau social très populaire a noué des partenariats avec certaines organisations locales de la Société civile qui œuvrent dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine, dans le cadre de sa politique des partenaires tiers et partenaires de confiance.
Grâce aux signalements de ces collaborateurs, la portée de diffusion d’une publication jugée fausse ou contenant des propos haineux est sensiblement réduite pour être vue par moins de personnes. Le diffuseur peut être également restreint. Toutefois, les médias de vérification ne retirent aucun contenu, compte ou page de ces applications. Par ailleurs, la politique est d’étiqueter des contenus qui enfreignent le standard de la communauté, ce qui est un processus différent du programme de vérification des informations.
Des « politiques robustes » chez TikTok
Longtemps critiqué, TikTok a récemment mis en place des politiques robustes concernant des types spécifiques de désinformation, comme celle relative au domaine médical, au changement climatique et aux élections, ainsi que le contenu trompeur généré par l’Intelligence Artificielle, les théories du complot et les problèmes de sécurité publique tels que les catastrophes naturelles. Cela inclut la suppression du contenu ou la réduction de sa portée en le rendant inéligible pour les flux « Pour toi ». Le réseau social TikTok rassure également qu’il consulte en permanence des experts et des conseils consultatifs mondiaux sur la sécurité afin de s’assurer que l’approche utilisée dans la régulation est mise à jour, équilibrée et respectueuse des « nuances locales ».
En conclusion, ces propos déformés du ministre Muyaya, partagés par des pages très suivies sur Facebook, comme Butshetshe avec 37.000 abonnés et qui a prétendu que cette interdiction fait suite aux critiques contre le président Félix Tshisekedi. Aujourd’hui, Facebook est une plateforme incontournable aussi bien pour la vente que pour la communication. Cette annonce d’une fermeture imminente pourrait générer la panique au sein de ses utilisateurs. Cependant, la République démocratique du Congo, comme tout autre pays du monde, a la possibilité de limiter l’usage de certains sites sur son territoire. Mais à l’heure actuelle, aucune annonce dans ce sens n’a été faite.
Sur les réseaux sociaux, les propos des politiques sont constamment déformés ou décontextualisés. Sur Internet, l’authenticité d’une source ne dépend pas de son audience. Des pages très suivies peuvent bien véhiculer la désinformation. La vérification doit être de mise avant de partager des contenus sur les réseaux sociaux ou dans la communauté.
La rumeur de la semaine est une rubrique pour décrypter les fausses informations qui circulent sur nos réseaux sociaux et au sein de nos communautés locales sur le terrain. Un décryptage réalisé par Vunja Uongo, l’équipe de la cellule de vérification du Studio Hirondelle RDC.