La République démocratique du Congo (RDC) est frappée par l’épidémie de Mpox (anciennement connue comme la variole de singe ou Monkey Pox), avec une augmentation alarmante des cas et des décès depuis le début de cette année. Comme toutes les épidémies, le Mpox est accompagné d’une infodémie sur les réseaux sociaux et dans les communautés. Elle prétend entre autres que les vaccins qui seront livrés au pays sont des outils d’extermination de la population congolaise, fabriqués dans des laboratoires bactériologiques occidentaux, à l’initiative de l’Union européenne, les Etats-Unis et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces allégations infondées alimentent la méfiance envers la vaccination, mettant en péril la santé publique dans un contexte déjà critique.
La RDC est le pays le plus touché par le Mpox. En Afrique, 12 autres pays dont l’Afrique du Sud, le Nigéria et la Côte d’Ivoire le sont également. L’épidémie s’est aussi exportée vers d’autres continents. Des cas ont été enregistrés dans des pays comme le Pakistan, la Thaïlande, les Philippines, la Suède ou encore l’Australie. Le 14 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété une urgence de santé publique de portée internationale face à l’ampleur de la maladie.
Contrairement à ce qu’insinuent ces publications, la RDC ne sera pas le premier pays à recevoir les vaccins. Le Nigeria, deuxième pays le plus touché en Afrique, a été le premier à recevoir un lot de 10.000 doses de vaccins contre le Mpox, en date du 27 août. Au Congo Kinshasa, deux types de vaccin ont été homologués par le ministère de la Santé. Il s’agit du vaccin “Jynneos” produit aux États-Unis et au Japon par Bavarian Nordic et du vaccin “LC 16 M8”, produit au Japon. Ils ne sont pas en phase d’essais cliniques. Ces produits ont déjà fait leur preuve.
Aucun vaccin produit dans des laboratoires européens n’ont été annoncés en RDC
Les sources consultées par Vunja Uongo ont établi qu’aucun vaccin Mpox fabriqué en Europe n’est pour le moment attendu en RDC. Le docteur Josaphat Sikoti du comité de riposte en RDC a expliqué que seuls les vaccins produits au Japon sont pour le moment attendus. “Nous avons négocié avec le Japon, c’est lui qui va nous envoyer le vaccin début septembre. Les États-Unis pourraient envoyer, mais ce n’est pas encore sûr ”, a-t-il expliqué. Aussi, ces vaccins ne seront pas distribués directement par l’Union européenne aux hôpitaux. En RDC, la vaccination est toujours coordonnée par le Programme élargi de vaccination (PEV). Cette entité gouvernementale travaille avec l’appui de ses partenaires.
Approché, le docteur Jimmy Kapetshi de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) a formellement démenti les allégations de distribution gratuite des vaccins par l’Union européenne. “Le vaccin a un coût. Si on laissait nos pays acheter, ils ne pourraient pas. Un flacon de vaccin peut coûter jusqu’à 25 ou 30 dollars. C’est pourquoi l’OMS s’organise avec d’autres partenaires pour subventionner mais chaque État membre participe à environ 20 % du coût”, a-t-il répondu.
Aucune relation entre le Mpox et le Coronavirus
Alors que des publications ont prétendu une corrélation entre le Mpox et le Coronavirus, Dr Jimmy Kampetshi a affirmé que les deux virus sont “ différents ”. “Le Mpox est un virus à ADN et le Coronavirus est un virus à ARN. Ça n’a pas de lien direct dans la transmission”, a-t-il expliqué. Les sources factuelles consultées, notamment le factsheet de l’OMS sur le Mpox, renseignent que ce virus ne date pas d’aujourd’hui. Il a été isolé pour la première fois en 1958 en Suède. Le premier cas humain a été enregistré en 1970 en République démocratique du Congo. Depuis, il y a eu plusieurs épidémies dont celle de 2017 au Nigéria qui a été la plus grave ou encore de 2003 au Texas, aux États-Unis.
Déclarée urgence sanitaire de portée internationale, la Mpox est une question de santé publique. Ces fausses rumeurs sont de nature à compliquer le travail du comité de riposte, en incitant à une méfiance latente à l’égard de la vaccination contre le Mpox en République démocratique du Congo, alors que le pays a dépassé, depuis fin août, la barre de 600 décès.
En période de crise sanitaire, de fausses informations circulent rapidement et conduisent au boycott des agents impliqués dans la riposte et au refus de la vaccination. Il est donc important d’être critique face aux titres alarmistes, sensationnalistes ou complotistes qu’on peut lire dans les médias ou réseaux sociaux. Il faut aussi s’auto-éduquer sur cette épidémie, ses symptômes, les modes de transmissions et les mesures de prévention. Il ne faut faire confiance qu’aux sources sanitaires officielles, notamment le ministère de la Santé, le centre de contrôle des maladies de l’Union africaine et l’Organisation mondiale de la santé.
La rumeur de la semaine est une rubrique pour décrypter les fausses informations qui circulent sur nos réseaux sociaux et au sein de nos communautés locales sur le terrain. Un décryptage réalisé par Vunja Uongo, l’équipe de la cellule de vérification du Studio Hirondelle RDC.