Une vidéo virale montre l’artiste noire américaine Beyoncé rendant hommage à la République démocratique du Congo. Elle a cumulé plus de 120 000 vues sur YouTube. Pourtant, il s’agit d’un deepfake généré par l’intelligence artificielle (IA). Décryptage d’une manipulation numérique bien ficelée.
Une vidéo de 2 minutes 14 secondes, publiée le 30 mars sur YouTube, accumulant très rapidement plus de 120.000 vues et près de 4 000 mentions « J’aime ». Le clip, largement partagé sur Facebook, montre Beyoncé chanter en anglais un vibrant hommage à la République démocratique du Congo (RDC) et à sa capitale, Kinshasa. Dans ce morceau, elle qualifie Kinshasa de « cœur des cieux » et affirme qu’en RDC « nous sommes unis » et que « la RDC va de l’avant ». Un contenu qui a provoqué l’euphorie parmi les internautes congolais. Certains ont salué une « chanson qui fait gagner le Congo ».
Manipulation des prestations de Beyoncé
Même si l’auteur de la vidéo avait glissé la mention « IA » en bas de l’écran, beaucoup d’internautes ne l’ont pas remarqué. La voix de Beyoncé y est en réalité clonée à l’aide de plateformes d’intelligence artificielle comme ElevenLabs, capables de générer un chant ou un discours à partir de voix existantes. Une recherche d’images inversées avec une capture de la vidéo a révélé que les séquences sont issues d’anciennes performances de Beyoncé, notamment du son du clip Formation et de son passage remarqué au Super Bowl, en 2016.
Cette vidéo s’inscrit dans un contexte particulier : la crise sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo où les forces loyalistes, avec leurs alliés les Wazalendo, combattent contre les rebelles du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 Mars (AFC/M23), soutenus par le Rwanda. Une situation qui suscite une forte mobilisation sur les réseaux sociaux. Plusieurs artistes, notamment d’origine congolaise, ont récemment exprimé leur solidarité avec le pays. Ce climat émotionnel crée un terreau fertile pour la circulation de fausses informations.
Esprit critique et vérification de ses sources d’information
L’évolution continuelle de la technologie rend les deepfakes de plus en plus réalistes, et donc difficiles à détecter. Même si aucun outil de détection n’est fiable à 100 %, certains indices permettent de rester vigilant : la désynchronisation des lèvres et des paroles, absence de naturel dans les mouvements ou la voix, incohérences dans les détails visuels, etc.
Pour une consommation responsable de l’information et des réseaux sociaux, il est essentiel de toujours vérifier ses sources, de se méfier des contenus trop sensationnels et d’adopter un regard critique, surtout lorsqu’il s’agit de vidéos virales.
La rumeur de la semaine est une rubrique pour décrypter les fausses informations qui circulent sur nos réseaux sociaux et au sein de nos communautés locales sur le terrain. Un décryptage réalisé par Vunja Uongo, l’équipe de la cellule de vérification du Studio Hirondelle RDC.